J’ai beaucoup hésité à écrire ces quelques lignes, car je n’arrivais pas à fixer mon esprit. Merci à Benoît Goubau de m’avoir relancé et encouragé. Merci à Claire-Hélène, avant lui, de m’avoir sollicité. À vrai dire, après une année d’épreuve, qui m’a vidé de moi-même, c’est au Seigneur que j’adresse mon action de grâces. Il est « mon fort et mon réconfort », et je le sens près de moi, me tenant la main et m’accompagnant sur mon nouveau chemin de vie.

Celui qui m’éclaire aujourd’hui et que le Seigneur m’envoie, c’est notre pape François, dans sa directive pour vivre notre Carême 2014. Saint Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens (1 Co 12, 7), nous rappelle de façon pressante : « Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous, l’Esprit donne un message de sagesse ». J’ai relevé, dans le journal « La Croix » du 7 février 2014, cette définition que reprend à l’envi le pape François : « La pauvreté n’ôte de noblesse à personne, la richesse oui. » (Giovanni Boccaccio, 1313-1375)

« Dieu n’a pas fait tomber sur nous le salut depuis le haut, comme le ferait celui qui donne en aumône de son superflu avec un piétisme philanthropique. (…) La pauvreté du Christ est la plus grande richesse : Jésus est riche de sa confiance sans limite envers le Père (…). Il est riche comme est riche un enfant qui se sent aimé et qui aime ses parents et ne doute pas un seul instant de leur amour et de leur tendresse. (…) Nous sommes appelés à regarder la misère de nos frères, à la toucher, à la prendre sur nous et à œuvrer concrètement pour la soulager. La misère ne coïncide pas avec la pauvreté ; la misère est la pauvreté sans confiance, sans solidarité, sans espérance. (…)

Ce temps de Carême trouve toute l’Église disposée et prête à témoigner du message évangélique à tous ceux qui sont dans la misère matérielle, morale et spirituelle. (…) Le Carême est un temps propice pour se dépouiller ; et il serait bon de nous demander de quoi nous pouvons nous priver, afin d’aider et d’enrichir les autres avec notre pauvreté. N’oublions pas que la vraie pauvreté fait mal : un dépouillement sans cette dimension pénitentielle ne vaudrait pas grand-chose. Je me méfie de l’aumône qui ne coûte rien et qui ne fait pas mal. » Extraits du message pour le Carême 2014 du pape François

Tant de fois j’ai prêché sur la vertu de pauvreté, le don de soi, le partage, mais quand le Seigneur m’a rejoint dans mon épreuve de santé, c’est dans les larmes que je lui ai fait le don de tout moi-même, me rappelant la phrase du prophète Jérémie : «  Tu m’as séduit, Seigneur, et je me suis laissé séduire. »… Une fois accepté, j’ai ressenti en moi une grande paix, mais aussi, comme un désarroi, m’appelant à une reconstruction de moi-même avec sa grâce et sa présence en moi, comme un guide…

C’est pourquoi, main dans la main avec mon Seigneur Jésus, et sa mère Marie, je poursuis ma route, plein d’espérance et de paix, recevant de mon Église, les conseils et les encouragements qui témoignent de son Amour pour chacun d’entre nous. Bienheureuse Église, qui ne cesse de nous rappeler que l’essentiel de la charité commence par soi-même… et par la joie qu’elle engendre en nous.

En ce temps de préparation à Pâques, laissons-nous pénétrer par la force de l’Esprit-Saint, et par son amour qui se traduit par la joie et le sourire d’aimer et de se laisser aimer par Lui.

Père Claude Grimaud