616-2016 UNE PAGE DU TRAITÉ DE L’AMOUR DE DIEU - VIII, 5
LA VOLONTÉ DE DIEU SIGNIFIÉE PAR LES COMMANDEMENTS
François de Sales s’appuie sur le psaume 118 pour nous convaincre que « le désir que Dieu a de nous faire observer ses commandements est extrême » (v.4 : Toi, tu promulgues tes préceptes à observer entièrement).
« Or, l’amour de complaisance, regardant ce désir divin, veut complaire à Dieu en l’observant ; l’amour de bienveillance, qui veut tout soumettre à Dieu, soumet par conséquent nos désirs et nos volontés à celle-ci que Dieu nous a signifiée : et de là provient non seulement l’observation, mais aussi l’amour des commandements » (cf Psaume 118, 97, 127, 103) : « De quel amour j’aime ta loi : tout le jour je la médite... J’aime tes volontés, plus que l’or le plus précieux... qu’elle est douce à mon palais ta promesse : le miel a moins de saveur dans ma bouche ! »
Mais aimer un commandement n’est pas une disposition spontanée. Donc, « pour exciter ce saint et salutaire amour des commandements, nous devons contempler leur beauté, qui est admirable. » Il faut aussi regarder Celui qui nous les donne : Dieu Amour !
« Plusieurs observent les commandements comme on avale les médecines ; plus crainte de mourir damnés, que pour le plaisir de vivre au gré du Sauveur. Mais, comme il y a des personnes qui, pour agréable que soit un médicament, ont du contrecoeur à le prendre, seulement parce qu’il porte le nom de médicament, aussi y a-t-il des âmes qui ont en horreur les actions commandées, seulement parce qu’elles sont comman- dées ; et il s’est trouvé tel homme, ce dit-on, qui ayant doucement vécu dans la grande ville de Paris l’espace de quatre-vingts ans sans en sortir, soudain qu’on lui enjoint de par le Roi d’y demeurer encore le reste de ses jours, il alla dehors voir les champs, ce que de sa vie il n’avait désiré. »
« Au contraire, le cœur amoureux aime les commandements. » Les difficultés, la peine et la fatigue de leur mise en pratique ne sont pas des raisons pour les rejeter. Dans notre pèlerinage de la vie, nous sommes comme ce « pèlerin qui va gaiement chantant en son voyage ; car notre cœur est guidé par l’amour. Et comme le dit saint Augustin : “On n’a point de travail en ce qui est aimé, ou s’il y a du travail c’est un travail bien-aimé ; le travail mêlé du saint amour est un certain aigre-doux, plus agréable au goût qu’une pure douceur.” »
« Le divin amour nous rend donc ainsi conformes à la volonté de Dieu, et nous fait soigneusement observer ses commandements en qualité de désir absolu de sa divine Majesté, à laquelle nous voulons plaire. » Traité de l’Amour de Dieu, Livre 8, ch.5
François CORRIGNAN