LA VOLONTÉ DE DIEU SIGNIFIÉE
Plus nous découvrons l’amour de Dieu pour nous et pour toute l’humanité, et plus nous nous plaisons en sa présence et nous avons le désir de lui plaire. C’est « l’amour de conformité », dont nous parle François de Sales1 dans le sillage de l’apôtre Paul (Eph 5,1- 2) : « Oui, cherchez à imiter Dieu, comme des enfants bien-aimés, et suivez la voie de l’amour, à l’exemple du Christ qui vous a aimés et s’est livré pour nous. »
Pour faire ce qui plaît à Dieu, nous avons besoin de connaître sa volonté. Il nous l’exprime de diverses manières. Par exemple, à travers le Credo et le Catéchisme de l’Église Catholique : « La doctrine chrétienne nous propose clairement les vérités que Dieu veut que nous croyions, les biens qu’il veut que nous espérions, les peines qu’il veut que nous craignions, ce qu’il veut que nous aimions, les commandements qu’il veut que nous fassions et les conseils qu’il désire que nous suivions ; et tout cela s’appelle la volonté signifiée de Dieu, parce qu’il nous a signifié et manifesté qu’il veut et entend que tout cela soit cru, espéré, craint, aimé et pratiqué. »
Ce désir de Dieu appelle une réponse libre de notre part : « Il veut que nous puissions résister, il désire que nous ne résistions pas, et permet néanmoins que nous résistions si nous le voulons. Que nous puissions résister, cela dépend de notre naturelle condition et liberté ; Que nous résistions, cela dépend de notre malice ; Que nous ne résistions pas, c’est selon le désir de la divine Bonté. »
Ce désir de Dieu est un vrai désir, qui respecte infiniment notre liberté : « Dieu désirant que nous suivions sa volonté signifiée, il nous sollicite, exhorte, incite, inspire, aide et secourt ; mais, permettant que nous résistions, il ne fait autre chose que de simplement nous laisser faire ce que nous voulons, selon notre libre élection, contre son désir et intention. »
Comprenons-nous que cette liberté que Dieu nous donne est un vrai signe d’amour ? Car « l’amour n’a point de forçats ni d’esclaves » (TAD 1, 6). Dieu veut des fils et filles libres. Notre réponse ne peut donc être qu’une réponse d’amour. « La conformité donc de notre cœur à la volonté signifiée de Dieu consiste en ce que nous voulions tout ce que la divine Bonté nous signifie être de son intention, croyant selon sa doctrine, espérant selon ses promesses, craignant selon ses menaces, aimant et vivant selon ses ordonnances et avertissements. »
Cela se manifeste, entre autres, dans la Liturgie, dans des célébrations de la Parole ou autres, dans les conciles et les synodes, et dans des gestes de la vie quotidienne : « Pour cela nous demeurons debout tandis qu’on lit les leçons de l’Évangile, comme prêts d’obéir à la sainte signification de la volonté de Dieu que l’Évangile contient ; pour cela nous baisons le livre à l’endroit de l’Évangile, comme adorant la sainte Parole qui déclare la volonté céleste. Pour cela plusieurs Saints et Saintes portaient sur leurs poitrines, anciennement, l’Évangile en écrit, comme un épithème d’amour, ainsi qu’on lit de sainte Cécile ... Ensuite de quoi, aux anciens Conciles2 on mettait au milieu de toute l’assemblée des Evêques un grand trône, et sur celui-ci le livre des saints Évangiles qui représentait la personne du Sauveur, Roi, Docteur, Directeur, Esprit et unique Cœur des Conciles et de toute l’Église ; tant on honorait la signification de la volonté de Dieu exprimée en ce divin Livre. »
Et le témoignage de saint Charles Borromée, archevêque de Milan, qui « n’étudiait jamais dans l’Écriture Sainte sans se mettre à genoux et tête nue, pour témoigner le respect avec lequel il fallait entendre et lire la volonté de Dieu signifiée. »
François CORRIGNAN